La 2nde journée de recherche en Entrepreneuriat social aura lieu le 23 mai prochain et clôturera la semaine du Management à Marseille. Le thème de cette conférence se concentre pour cette seconde édition sur « An alternative way for innovation : re-questioning the tradition within the Social Economy and social entrepreneurship ». Amélie Notais y présentera son travail en collaboration avec Julie Tixier (Ifis, Upem). Leur article traite d’une recherche en cours et s’intitule « Six femmes – L’entrepreneuriat social des femmes dans les quartiers : la triple revanche ? ».
Ce travail de recherche recouvre trois sous-thématiques de l’entrepreneuriat : l’entrepreneuriat féminin, l’entrepreneuriat social et l’entrepreneuriat dans les quartiers. Le développement de l’entrepreneuriat social des femmes dans les quartiers dits sensibles ou prioritaires représente un enjeu sociétal majeur. Plus qu’un enjeu, c’est un challenge voire une utopie qui se dessine quand on recoupe ces thèmes car l’entrepreneuriat féminin révèle des spécificités, des singularités qui s’avèrent souvent des handicaps (Cornet & Constantinidis, 2004). Les auteures prennent dans cet article le contre-pied de cette idée en s’appuyant sur les travaux d’Alter (2012).
Ce dernier propose dans son ouvrage, La force de la différence, une thèse intéressante. A partir des itinéraires de patrons atypiques, il tente de comprendre comment les « différents » parviennent à « transformer l’identité pour soi en identité sociale, ce qui suppose de reconnaître sa différence, de la faire accepter par les normaux et les autres différents. » (Alter, 2012, p. 38). Il démontre la possibilité d’inverser et de réinventer son destin, d’échapper aux mécanismes de reproduction et/ou de discrimination. Il creuse ainsi l’idée que sous certaines conditions, la différence peut devenir une force. Dans cet esprit, Amélie Notais et Julie Tixier se sont intéressées à des entrepreneurs « différents ». Différents puisqu’il s’agit de femmes (souvent issues de l’immigration), qui vivent dans des quartiers et souhaitent y entreprendre autrement. Leurs récits de vie poussent à engager une réflexion sur leur intention entrepreneuriale et, plus précisément à se demander dans quelle mesure l’intention entrepreneuriale des entrepreneutes sociales dans les quartiers représente une revanche ?
Après une courte revue de littérature sur les trois sources de spécificités/différences de ces entrepreneures, un cadre conceptuel et des descripteurs opérationnels de l’intention entrepreneuriale des entrepreneuses sociales est proposé. Ce dernier est confronté aux récits de vie de six femmes rencontrées au cœur de « la Cité des 4000 » de la Courneuve. Leurs histoires témoignent d’un désir de revanche économique et de motivations sociales profondément ancrées dans leur territoire.